Les pelouses écologiques : un pas pour la biodiversité 

Pour la plupart d’entre nous, la pelouse est accessoire à nos plus beaux souvenirs de jeunesse, à un lieu de socialisation de prédilection et à l’odeur de l’été et de la liberté, mais que sait-on réellement à propos du rôle de ces espaces verts en milieu urbain ? Renferment un écosystème complexe, nécessaire à la conservation d’une biodiversité saine, leur rôle environnemental est particulièrement précieux. Apprenez-en davantage sur l’impact majeur que peuvent avoir les pelouses écologiques sur l’avenir de notre planète.

La biodiversité en milieu urbain, est-ce important ? 

Un peu partout, on entend parler de biodiversité. Mais qu’en est-il ? Quelle est son importance véritable, notamment en milieu urbain ? 

En fait, il est important de comprendre que, même en pleine ville ou dans les quartiers résidentiels les plus peuplés, la faune et la flore citadine ont toutes deux un rôle à jouer sur le bien-être de notre planète. En effet, les écosystèmes en milieux urbains, des pelouses privées aux boisés de quartier, sont principalement caractérisés par leur hétérogénéité. La diversité de ces espaces est le produit d’un mélange de résidus des milieux naturels, des paysages industriels, ainsi que des terres agricoles situées à proximité des aires urbanisées. Cette biodiversité est donc composée d’échanges entre les espèces dites « urbaines » et celles vivant en périphérie.

Avec l’urbanisation, vient aussi des conditions de vie distinctives, tant sur le plan de la température, de la luminosité, des vents, de l’humidité, que sur l’imperméabilité des sols, qui influencent fortement le drainage des eaux pluviales. Ces conditions impactent la composition de la biodiversité urbaine, provoquant le développement d’une faune et d’une flore qui sont propres à ces milieux.

Qu’est-ce que la biodiversité ?

Par définition, la biodiversité désigne l’ensemble des êtres vivants et des écosystèmes dans lesquels vivent ces derniers. Les interactions existantes entre les différentes espèces, ainsi qu’avec leurs milieux, sont également incluses dans cette désignation. 

La biodiversité pourrait d’ailleurs être subdivisée en trois niveaux interdépendants :

1. La diversité écologique – Désigne tous les milieux de vie abritant des organismes vivants. Allant des océans, aux prairies et aux forêts, en passant par le petit étang au fond du jardin ou les jardinières en ville, jusqu’au contenu d’une cellule.
2. La diversité spécifique – Réfère à toutes les espèces vivantes, en relation les unes avec les autres (prédation, coopération…) et avec leurs milieux de vie.
3. La diversité génétique – En résumé : nous sommes tous différents ! En effet, les codes génétiques, même au sein d’une même espèce, varient d’un être à l’autre.

En résumé, un déséquilibre au niveau d’un seul élément contenu dans l’un de ces niveaux peut, par corrélation, avoir un impact majeur sur la nature telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Quelles menaces pèsent sur l’équilibre d’un écosystème urbain ?

Il va sans dire qu’une des plus grandes menaces de la biodiversité est l’espèce humaine. Mais de quelles contraintes humaines exercées sur la nature parle-t-on plus exactement ?

1. Destruction et artificialisation des milieux naturels : La simple modification des fonctions initiales d’une parcelle de terre, comme par exemple le fait de transformer des prairies vierges en terres agricoles ou des boisés en quartier immobilier, a pour conséquence d’entraîner le bouleversement de certaines espèces de même que la dégradation des écosystèmes présents.
2. Changement climatique global : Nos émissions de CO² et de gaz à effet de serre ont pour impact d’entraîner une migration des espèces animales et végétales, ainsi que l’accélération de certains cycles végétatifs. Le changement climatique participe ainsi à la modification des conditions de vie des espèces vivantes, forçant leur déplacement ou l’adaptation de leur mode de vie à une nouvelle réalité.
3. Pollution : Toutes les formes de pollution qui touchent l’eau, le sol et l’air entraînent une destruction ou une modification des écosystèmes et des espèces. Un des principaux exemples est l’utilisation abusive des pesticides. 
4. Introduction d’espèces envahissantes : Les espèces exotiques ont le potentiel d’impacter négativement les espèces natives des milieux naturels ainsi que le fonctionnement des écosystèmes. Elles sont donc néfastes à la fois pour certaines activités économiques locales, de même que pour la santé humaine.

Le précieux rôle de votre cour sur la biodiversité

Maintenant que nous connaissons mieux l’importance de la biodiversité urbaine, revenons à cette fameuse pelouse qui fait partie intégrante de l’aspect esthétique de nos propriétés en milieu urbain. Allant bien plus loin que l’apparence, le gazon naturel possède en effet de nombreux bienfaits environnementaux.

À la recherche d’une manière de faire votre part par un geste simple ? En choisissant d’adopter une pelouse écologique dans votre cour, vous contribuant ainsi à une biodiversité plus riche dans votre quartier. En effet, une pelouse composée d’un amalgame de végétaux bien adaptés à votre région a pour effet de créer un milieu plus harmonieux pour de nombreuses espèces. Quand on y pense, tous les espaces verts naturels (boisé, prairie, forêt,etc.) comportent un mélange de végétaux, alors pourquoi pas notre gazon à la maison ! 

Parfois considérées comme des mauvaises herbes, certaines espèces s’associent plutôt afin de stabiliser le sol, en plus de contribuer à sa diversité. De plus, ces plantes vivent ainsi en symbiose avec d’autres êtres vivants. L’ensemble crée un sol vivant, sain et diversifié, parfois appelé : pelouse durable. Ces mêmes verdures qui poussent au milieu des brins d’herbes comportent plusieurs espèces à fleurs. Qui dit fleurs, dit pollen, et qui dit pollen dit insectes pollinisateurs. 

Aujourd’hui ce n’est plus un secret, les insectes tels que les papillons, abeilles et bourdons, jouent un rôle déterminant dans la production agricole, la santé des graminées et la préservation de nombreuses espèces végétales.

De plus, les pelouses bio diversifiées graĉe à un mélange de gazon écologique canalisent l’énergie du soleil pour oxyder l’eau, réduire le CO² et ainsi générer des glucides qui servent à nourrir de nombreux organismes et espèces qui s’y réfugient (insectes, oiseaux, amphibiens, champignons, vers…). En d’autres mots, plus la pelouse est écoresponsable, plus il y a de biodiversité. 

En plus d’être une importante source de vie, le gazon écologique préserve nos sols de l’érosion, régule les eaux et nourrit les nappes phréatiques.

Comment aménager une pelouse écologique :  nos conseils! 

Mais comment s’y prendre pour veiller à ce que votre cour profite d’une pelouse écologique ? Voici quelques pistes de solutions intéressantes à considérer à la maison.

1. L’hydro-ensemencement : une alternative écologique et durable

L’ensemencement hydraulique, aussi appelé hydro-ensemencement, est un procédé alternatif à l’installation de tourbe (gazon en rouleau) qui est à la fois rapide, efficace et peu coûteux . Il consiste en la projection d’un mélange de semences, d’engrais, de paillis, d’agent liant naturel et d’eau à l’endroit voulu. Il est aussi possible d’adapter le mélange en fonction du résultat désiré, du milieu et du dénivelé, pour un mariage parfait pour votre sol.

Ce procédé comporte de nombreux avantages, tels que la possibilité d’ajouter aux semences de gazon des herbes complémentaires possédant des qualités distinctes. Le trèfle blanc, par exemple, est idéal pour la lutte contre l’érosion, en plus d’être auto-fertilisant. Le mélange riche en nutriments dans lequel baigne les semences et la présence d’eau contribuent à démarrer le cycle de germination avant même que celles-ci touchent le sol, permettant ainsi une prise plus rapide. De plus, le paillis présent dans la mixture aide à conserver l’humidité, maintient le sol en place et agit comme une « mini-serre », offrant ainsi les conditions idéales pour le développement des semences choisies.

Vous aimeriez en savoir plus sur ce procédé ? N’hésitez pas à profiter des conseils de spécialistes en ensemencement hydraulique pour bien vous guider sur les meilleurs choix en fonction de votre terrain.

2. Privilégier une bonne gestion de la tonte de sa pelouse 

L’idée préconçue d’un « gazon en santé » est parfois erronée. Même si les pelouses dites  «à l’anglaise» (coupées à 3 cm ou moins) semblent la meilleure solution pour certains, il est important de comprendre qu’elles ne représentent pas pour autant les pelouses les plus écologiques et les plus vivantes. Selon les conditions et la période de l’année, il est en effet possible de constater certains avantages à conserver un gazon plus long. Cependant, pour une nouvelle pelouse, il est aussi primordial de suivre certaines recommandations, afin d’optimiser la croissance de votre gazon :

• Après le 1er mois (30 à 45 jours), une première tonte de votre pelouse est suggérée.
• Au départ, le fait de tondre régulièrement peut aider à une meilleure pousse.
• Une fois votre pelouse bien établie (après environ 3 mois), il sera ensuite possible d’espacer la fréquence de la tonte, et ainsi d’optimiser sa biodiversité.
• Bien que la première tonte de la pelouse au printemps puisse être faite un peu plus tardivement, laissant la possibilité à toutes les fleurettes, comme les pissenlits ou les trèfles blancs, de s’épanouir et de survivre à la tonte, tondre son gazon une à deux fois n’aura pas que des impacts négatifs. Plus qu’utiles pour de nombreux insectes pollinisateurs, essentiels pour la fécondation des fleurs, des arbres fruitiers et des jardins, l’important est de laisser un peu de place aux petites fleurs sauvages durant cette période de pollinisation. 

Abandonner au sol l’herbe broyée par la tonte peut aussi être une stratégie intéressante. En plus de vous faire économiser du temps d’entretien, ces retailles riches en nutriments peuvent faire de petites merveilles pour votre sol en se décomposant. Ce principe intéressant se nomme d’ailleurs l’herbicyclage.

3. Transformer une pelouse existante, c’est possible !

La transformation d’une pelouse en version plus écologique est une possibilité à la portée de tous. Pour ce faire, vous pouvez l’enrichir progressivement à l’aide d’espèces complémentaires comme, par exemple, la fétuque, le trèfle blanc ou le pâturin. Créant ainsi un gazon naturel plus durable, résilient et biodiversifié. 

Afin que ce procédé fonctionne sur une pelouse dense, il faut d’abord aérer adéquatement le sol en retirant quelques carottes de terre. Pour y arriver, plusieurs sortes d’aérateurs manuels peuvent être utilisés. Par la suite, un engrais naturel pour gazon doit être étendu afin de bien nourrir la terre. 

Si votre pelouse est pauvre et que vous souhaitez l’enrichir, il est fortement conseillé de considérer l’hydro-ensemencement comme une solution optimale pour un résultat uniforme et rapide.

4. Privilégier un entretien éco-responsable de sa pelouse 

Un entretien responsable de sa cour arrière ne se limite pas au choix des semences, des outils de jardinage ou à la fréquence de coupe. Pour avoir un espace vert plus éco responsable, il est idéal de mettre en place des techniques d’entretien respectueuses de l’environnement. Une idée toute simple serait de troquer l’arrosage traditionnel des jardins pour l’arrosage au compte-goutte, qui permet par exemple une économie d’eau de 15% à 20%. Une autre technique possible serait de recueillir l’eau de pluie et d’utiliser celle-ci pour l’arrosage plutôt que l’eau potable du robinet extérieur.

L’installation d’éco-refuge est également une option à considérer. Les refuges tels que les hôtels à insectes ou les nichoirs, encouragent la biodiversité et par le fait même s’occupent d’une partie de l’entretien pour vous en jouant leur rôle dans l’équilibre de l’écosystème local.

5. Éviter l’utilisation des pesticides et autres produits chimiques

Pour une pelouse écologique favorisant une biodiversité en santé, il est recommandé de privilégier le travail manuel pour retirer les mauvaises herbes plutôt que l’utilisation de produits désherbants chimiques. Favorisez également l’utilisation d’engrais naturel pour alimenter les sols. Pour finir, il va de soi que l’utilisation de pesticides devrait être évitée, ou réduite au strict minimum.

En conclusion, pour une pelouse écologique en milieu urbain, tous les petits gestes comptent ! Pour protéger la biodiversité, et encourager le rôle des insectes pollinisateurs sur la nature par exemple, il importe de favoriser un gazon composé de cultures mixtes et de modifier nos habitudes d’entretiens. Avec ces conseils, obtenir une pelouse plus responsable pour l’environnement devient certainement à la portée de toutes et tous !